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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 15:22
Ma Bro Ar C'hap Gwechall suite 6
Les épidémies suite
La Variole  (petite vérole)  

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Les épidémies de variole furent nombreuses et meurtrières fin XVIII ème , début XIX ème siècle et touchaient surtout les enfants de moins de 10 ans. Avant 1800, la petite vérole tuait en France 50 à 80.000 personnes par an. Devant l'ampleur de la maladie l'évêque de QUIMPER décide d'en référer au Préfet ( 1er janvier 1812).

PONT-CROIX est touché en 1812 : 40 contaminés dont 5 décès. Les maisons sont balisées par un drapeau noir (déjà vu précédemment : des maisons cadenassées).L'île de Sein subit une épidémie la même année (transmission par des marins de PAIMPOL et du CONQUET).

La vaccination sera banalisée en 1870, quoique parfois mal effectuée (517 vaccinations dans le canton de Pont-Croix). Le 4 mars 1907, le Docteur Colin, médecin en chef de l'arrondissement de QUIMPER demande au Préfet d'ordonner au Docteur MEROP, médecin vaccinateur, d'intervenir sur PLOUHINEC et PLOZEVET. Les gens de ma génération ont connu ce médecin qui résidait quai Anatole France, à AUDIERNE ( décédé à plus de 85 ans),  dans la maison occupée successivement par le Docteur Claquin (qui a exercé jusqu'à l'âge de 73 ans) et actuellement occupée par le Docteur Lélias, gendre du précédent. J'ai été vacciné comme tous mes camarades à l'école du Stum (aujourd'hui école Pierre le Lec), par le Docteur MEROP, avant la guerre 39-45.

D'autres épidémies vont se déclarer :

§         à PLOUHINEC, le 25 décembre 1905 (origine : commune de PLOGASTEL St GERMAIN, village de GUILERS) . On trouve des cas à Kersiny, Menez-Veil, Trébeuzec, et les confins de PONT-CROIX (Kéridreuff). Au total : 120 cas dont 21 décès.

§         à AUDIERNE, en 1906-1907.  Voici ce qu'écrit le médecin des épidémies :

« la variole évolue dans des maisons misérables où je ne dirai pas l'hygiène (le terme serait prétentieux, exagéré), mais où la propreté la plus élémentaire est inconnue. Là, dans une athmosphère indescriptible et au milieu d?une odeur indéfinissable, dans une lamentable fraternité de misère physiologique et morale,s'entassent des enfants sales, déguenillés, couverts de gourmes (impétigo), êtres infériorisés par l'alcoolisme. Dans un tel milieu, au sein d?une population réfractaire, hostile même à la bonne parole, la variole trouve un terrain combien propice à une genèse sérieuse  et à une active diffusion » .

L'épidémie débute en septembre 1906 janvier 1907, importée par des Plouhinécois à la conserverie Chancerelle entraînant 4 décès. Comme à la campagne, certains cas sont dissimulés. La faculté recommande la désinfection (sulfate de cuivre), le nettoyage des lavoirs, et bien-sûr la vaccination.  Tout cela se passait , il y a moins de 100 ans !!!

J'ai connu dans ma jeunesse, surtout avant la guerre, des familles nombreuses (8 à 10 enfants) vivant entassés dans des taudis sans confort, sur la terre battue (Kervréach à Audierne), des locataires avec plusieurs enfants vivant dans 2 pièces insalubres.

Sans oublier SALONIQUE, le chef-d'oeuvre Audiernais !!

Je signale aussi la remarquable description faite par Anne-Denez Martin dans « Les Ouvrières de la Mer ». L'action certes, se déroule à DOUARNENEZ  mais c'est tellement près de nous !! Les grèves de 1920, au temps de Le Flanchec que je ne présente pas. La description des logements ouvriers et de la promiscuité est saisissante. Ce n'est pas le Cap-Sizun , mais c'est pareil. On y trouve d'ailleurs le nom de "de Lécluze"dans les propriétaires d?usines .

C'était hier ! Et  pour comprendre aujourd'hui il faut le savoir !!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les fièvres intestinales-  

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 Elles sont le 3ème fléau épidémique du siècle : fièvres typhoïdes et paratyphoïdes, typhus, dysenteries bacillaires, gastroentérites sont très répandues. Le typhus, fièvre putride maligne, contagieuse et pestilentielle, est baptisée "maladie de BREST" parce que des bateaux contaminés y faisaient escale. Disettes (1849), aliments avariés, hygiène précaire, malnutrition, mouches, malpropreté, mauvaise qualité de l'habitat, défaut d'aération, on retrouve toujours les mêmes causes pour les mêmes effets. La description de l'habitat et des vêtements faite par Cambry est saisissante : on y relève aussi la superstition exploitée par les prêtres. A cette époque, le Finistère comptait un médecin pour 4000 habitants, alors que la moyenne nationale etait de 1 pour 1750 (les choses ont changé depuis heureusement) .

L'Île de Sein n?est pas épargnée : 1772 : 40 morts.Nouvelle épidémie en 1843 et 1894 (7 decès) . De graves défauts : paresse et oiseveté sont constatés en 1818. En 1841, la typhoïde touche PONT-CROIX, BEUZEC, ESQUIBIEN (82 cas à Esquibien). Toujours les mêmes causes, avec en plus, l?accusation portée contre les cimetières au milieu des bourgs. En 1884, le port d'AUDIERNE  se comble de vases :  « de grandes quantités de poissons y pourrissent à marés basse ». A CLEDEN : cimetière au milieu du bourg, 7 décès à PONT-CROIX  en 1890. Nouvelle épidémie de typhoïde à PONT-CROIX (Lanviscar) en 1901. Le typhus apparaît à BEUZEC en 1892.

Le choléra et la variole disparurent à l'aube du XXème siècle. Les fièvres intestinales persisteront jusqu'à la mise en place des mesures concernant l'eau : analyses, désinfection.

Mais, il est temps d'arrêter cette fastidieuse énumération, pour retenir une fois de plus l'essentiel :                                  

 la pauvreté et la misère

Ceci ne sera pas sans conséquence, j?en reparlerai  

Rougeole, Scarlatine, Diphtérie

 

 

 

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Cette fois encore, ce sont les enfants qui en sont victimes : malnutrition, transmission des épidémies dans les écoles à la généralisation de l'enseignement primaire.  La rougeole a sévi à AUDIERNE en 1893 (importée de DOUARNENEZ), ainsi qu'à  POULGOAZEC et PLOUHINEC. PLOGOFF et CLEDEN sont atteints en 1908 (nombreux décès). Progressivement, elle perd du terrain jusqu'en 1916, date de la séroprophylaxie ( sérum de convalescents).La scarlatine est à AUDIERNE  en 1901 (elle a peut-être été importée de LORIENT par les marins d'état permissionnaires), et à PRIMELIN en 1903 (5 décès) . Elle constitue une menace permanente pour les enfants, mais aussi pour les vieillards, tout en épargnant les adultes. La conjugaison : diphtérie (croup), variole, rougeole, scarlatine fut particulièrement meurtrière chez les enfants. Le manque d'hygiène dans les écoles : latrines, tinettes, en est grandement responsable ; mais il faut aussi parler de l'inconscience de certains instituteurs, comme à PRIMELIN. L'inspecteur primaire et le médecin des épidémies constatent :

 -  la présence de poules et de canards dans le grenier de l'école

 -  la présence de clapiers à lapins dans la cuisine de l'école (inoccupée en hiver).

   Une demande de mutation fait certes suite à ce constat, mais  quelle misère !!

 

 

 

 

 

    Il est temps maintenant  de conclure ce trop long chapitre, trop long certes, mais volontairement trop long. J'ai souhaité, à travers cette énumération faire ressortir la pauvreté, la misère de notre Cap-Sizun au XIXème et début du XXème siècles. Cette misère a laissé des traces dans les comportements et tempéraments d'aujourd'hui. Cette connaissance me paraît nécessaire pour comprendre. Il me faut donc essayer de résumer la thèse du Docteur Heurté, document de 455 pages, (je l'ai déjà dit), pour en dégager l'essentiel :

§         Le choléra occupe une place prépondérante dans les épidémies (impôt sur les portes et fenêtres jusqu'à la première guerre mondiale).

§         L'habitat et la malpropreté en sont les causes principales : logements insalubres, vétustes, humides, mal entretenus, mal aérés. L'habitat rural dans le Cap fut longtemps un véritable taudis : manque d'eau potable et d'évacuation des eaux usées. Promiscuité avec les animaux, malpropreté des habitants et surpeuplement.

    Un décret de Bonaparte du 23 Prairial An XII abolit la déplorable coutume d'inhumer les morts à l'intérieur et autour des églises. Pourtant, cela persiste dans le canton de PONT-CROIX jusqu'à la fin du XIXème siècle.

§    L'action des enseignants commence avec Jules Ferry

§    La gravité des épidémies et le niveau de ressources sont liés : la riche ville de PONT-CROIX, comparée à la pauvre ville d'AUDIERNE, est relativement épargnée par le choléra .

§    La vie chère et la disette sont plus ressenties en milieu maritime que dans le milieu terrien ;

§    La médecine se modernise fin XIXème siècle. La charte de l'hygiène publique fait l'objet de la loi du 15 février 1902.

§    Malgré la faiblesse des moyens, l'état, la médecine  et quelques curés ont tenté de briser le sous-développement matériel et physiologique du Cap.

Les mesures sanitaires ont dû être imposées aux Capistes.

 

 

 

 

Une note d'optimisme cependant :

 

   Le Médecin Général Roger Moullec, membre du jury lors de la soutenance de la thèse du       Docteur Heurté, document de référence, fait remarquer :

§    Que les maisons sont orientées au sud-est, soit exposées au soleil, ce qui par ailleurs met les ouvertures à l'abri des tempêtes du sud-ouest, du nord-ouest et de la bise froide du nord-est.

§    Que sauf par grand froid, les portes des maisons et de la pièce à vivre sont toujours ouvertes, ce qui assure avec la cheminée, une ventilation. ( remarque personnelle : le cérémonial de l'accueil du visiteur pénétrant d'abord dans la cour de ferme, puis toussant pour s'annoncer, alors qu'il a été aperçu depuis longtemps est parfaitement significatif : «  deud en ty ou saved en ty signifie entrez  ou venez dans la maison, sous-entendu : la porte est ouverte; dans d'autres régions on disait : finissez d'entrer » .

§    Que le lit-clos, restera en service jusqu'à la première guerre mondiale ( intimité des couples, séparation des sexes, volume relativement sec par rapport à l'humidité ambiante)

§    Que le drustuilh dissimule l?office

§     Que la malpropreté corporelle n'était pas un phénomène Capiste mais français ( Louis XIV ne se lavait pas). Le savon est rare et  cher ;

§    Que si la langue bretonne a joué un rôle dans certaines incompréhensions, les prêtres étaient trilingues : breton, français, latin, et n'avaient besoin d'interprète. Il rappelle aussi que Laënnec parlait le breton ;

Que le Cap n'est plus isolé du monde grâce aux moyens de communication.

 

 

 

 

 

  A ce stade de la rédaction, en remerciant le Médecin Général Roger Moullec de l'aide qu'il m'a apportée, je crois pouvoir dégager quelques conclusions partielles concernant :

 

ØLe rôle joué par l'encadrement de la société :

      - Avant Jules Ferry : les aristocrates et le clergé

          - Après Jules Ferry : les instituteurs  et les élus (politiques).

 

ØLa non-réceptivité de la population, l'habitat de mauvaise qualité et même la pauvreté telle qu'elle a existé, ont disparus. Je dirai même que de nouvelles classes sociales  sont apparues :

         -  Les "dominants d'hier" (usiniers, négociants) ont été rattrapés par certains "dominés d'hier" qui se sont émancipés grâce à l'instruction.

         - Cette nouvelle catégorie de "dominés d'hier" occupe aujourd?hui une place correcte     dans la société , grâce à la promotion sociale. Ceci est particulièrement sensible dans la catégorie des sous-officiers de la marine nationale (fayots), traditionnellement recrutés dans les milieux modestes et dont j'aurai l'occasion de reparler .

          - La sécurité sociale et la mise en place de structures médicales assurent à chacun des soins corrects. Il n'y a plus d'épidémies imputables à la pauvreté comme au temps de nos pères (vaccin anti grippe)ØLa sécurité sociale et la mise en place de structures médicales  assurent à chacun des soins corrects. Il n?y a plus d?épidémies imputables à commtemps de nos pères (vaccin antigripp

ØL'eau du réseau de distribution est surveillée, mais subit un phénomène nouveau : les nitrates . L'eau des puits et des lavoirs a joué un rôle important dans la contagion . 

 

Je signale encore que

·    Le stéthoscope, instrument de base de nos médecins actuels date de 1864

·    Le chemin de fer est arrivé à DOUARNENEZ en 1892 et à AUDIERNE en 1894. Je consacrerai plus loin un chapitre au  "petit train" . 

Oui, je l'ai déjà dit : la pauvreté et même la misère étaient le quotidien de nos pères !!

A suivre Ma Bro Ar C'Hap Gwechall  suite 7

 

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